Beau succès pour l'Association lyonnaise Teilhard de Chardin et son président Jean-Pierre Frésafond que d'avoir réussi à rassembler sur ce thème, ô combien complexe et délicat, plus d'une centaine de personnes tout au long de la journée du samedi 26 septembre dans le cadre prestigieux de la Faculté de philosophie de l'Université Jean Moulin Lyon III.
Accueillis par Mr. Bruno Pinchard, Directeur de l'Ecole doctorale de philosophie, les participants du colloque ont pu assister, et aussi contribuer par leurs questions nombreuses, à un étincelant exercice de pensée qui a couvert les champs de la philosophie, de la science et de la théologie, cela dans un grand climat d'ouverture et de liberté de l'esprit.
Les cinq orateurs ont abordé successivement les thèmes suivants.
Le Père Gérard Baudry, à partir de sa lecture des ouvrages de Luc Ferry et André Comte-Sponville, a posé la question de la possibilité d'une spiritualité laïque. Celle-ci existe assurément si l'on reste aux deux premiers niveaux de l'analyse développée par Teilhard : l'intelligibilité du monde, la foi dans un humanisme de convergence. En revanche, le troisième niveau – la reconnaissance de Christ Universel dans le point Oméga – présuppose la foi chrétienne.
Le Docteur André Daleux a montré comment Teilhard, à partir de sa vision scientifique, avait élaboré une phénoménologie globale du cosmos, de la nature et de l'homme. Débordant le cadre strict de la démarche scientifique, cette phénoménologie est totalement accessible à la raison philosophique et elle est de plus compatible avec la foi chrétienne.
Le professeur Bruno Pinchard, après avoir souligné la grande qualité littéraire et poétique des écrits de Teilhard, a cherché à montrer les limites de sa démarche, essentiellement apologétique dans sa tentative de réconcilier la raison scientifique et la foi chrétienne. Pour lui, l'œuvre de Teilhard reste conditionnée par son milieu familial et social (un petit garçon bien sage qui n'aura jamais l'audace de se révolter pour proclamer sa pensée), son cadre historique (les débats au sein de l'Eglise post-tridentine puis les crispations liées à la crise moderniste), géographique (le souvenir du conflit entre jésuites et dominicains au moment de l'évangélisation de la Chine au 16ème siècle).
Le philosophe Soufiane Zitouni a inscrit son intervention dans la tradition spirituelle du soufisme, montrant les correspondances qui pouvaient exister entre cette tradition et la pensée englobante de Teilhard de Chardin.
Fabien Revol, enseignant de théologie morale à l'Institut catholique de Lyon, a recensé les défis que la pensée moderne posait à la théologie chrétienne. Il en a identifié douze, dont celui de l'urgence à devoir élaborer une véritable théologie de la Création et de la nature, défi qui était déjà au cœur de la tentative de Teilhard.
En conclusion de ce très intéressant colloque, Gérard Donnadieu, président de l'Association française des Amis de Teilhard, s'est essayé à en donner une synthèse impromptue et provisoire.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.